Un examen dentaire adapté aux enfants handicapés

Les enfants handicapés, placés en institut, n’accèdent pas toujours aux soins dentaires. Première en France, des chirurgiens dentistes vont tester une approche adaptée à leurs difficultés.

L’initiative

« Un enfant autiste, qui a un rapport complexe au corps, ne supporte pas qu’on le touche. L’auscultation dentaire devient de fait difficile », témoigne Philippe Moreau, directeur de l’institut médico-éducatif de Poligné. Afin de ne pas les laisser sans soin, un réseau de dentistes va tester un examen bucco-dentaire adapté à ces jeunes.

Dans le parcours de santé classique, les enfants âgés de 6, 9, 12, 15 et 18 ans, sont invités, par l’Assurance-maladie, à passer un examen bucco-dentaire. Le chirurgien-dentiste peut alors dépister au plus tôt les problèmes dentaires, les soigner, et apporter des conseils sur l’hygiène buccale.

Mais la plupart des enfants handicapés, placés en institut, n’ont pas eu accès à ces examens. Entre autres parce que « les enfants se laissent difficilement approcher, et aussi parce qu’ils sont éloignés de leurs parents, qui assurent leur protection sociale », rapporte un éducateur.

Éviter l’extraction des dents

Pourtant, « à cause des médicaments, d’une alimentation moins équilibrée, ces jeunes présentent un risque plus élevé de souffrir de pathologies infectieuses et crayeuses », rappelle docteur Xavier Deltombe, président des chirurgiens-dentistes d’Ille-et-Vilaine. Par conséquent, ils arrivent à l’âge adulte avec des pathologies dentaires lourdes, qui nécessitent souvent une opération sous anesthésie générale.

« Quand l’unique solution reste l’extraction de dents, c’est pour nous un échec », regrette Xavier Deltombe.

De là, différents acteurs se sont entendus pour expérimenter un examen adapté aux jeunes handicapés placés en institut : le Réseau de soins dentaires spécifiques de Bretagne (SDS), les organismes de prise en charge (la CPAM d’Ille-et-Vilaine, la MSA des Portes de Bretagne, la caisse régionale du RSI de Bretagne) et les deux instituts médico-sociaux, spécialisés dans la prise en charge de jeunes autistes, qui accueilleront l’expérimentation. En l’occurence, la Maison des enfants au pays de Poligné (20 jeunes de 10 à 20 ans) et l’espace Kiêthon de Médréac (16 jeunes de 10 à 25 ans).

Financé par l’Assurance-maladie

L’auscultation dentaire spécifique sera donc réalisée par les chirurgiens dentistes du SDS, lesquels sont formés et aguerris aux soins dentaires sur des personnes handicapées. Et ce, directement en institut : « Un déplacement dans un environnement médicalisé pourrait déstabiliser les enfants », rappelle le docteur Xavier Deltombe. Ensuite, « les praticiens prendront le temps de leur parler, de les écouter, et même de jouer. Le but étant de trouver, pour chaque enfant, le meilleur moyen de l’approcher. Et que, par la suite, la pratique des soins soit facilitée. »

La prise en charge de l’examen à 100 %, sera financée sur le budget d’action sanitaire et sociale de l’Assurance-maladie. Les aides seront accordées individuellement.

Source : Publié le 25/04/2014 à 00h00, Ouest-France, 2014, Anne-Sophie VALENTIN.

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